Les bases de l'alimentation équine.

On attaque un sujet plus qu'essentiel à la compréhension du fonctionnement d'un cheval et de sa bonne santé: l'alimentation équine. C'est un sujet assez difficile à traiter car même s'il y a des fondamentaux, la manière de nourrir varie énormément d'un cheval à un autre, que ce soit au sujet des aliments à donner ou concernant les quantités. Je me suis donc attachée à revenir aux bases et aux questions les plus fréquentes, en faisant notamment appel aux connaissances de Sidh, qui a fait un BEPA "Conduite de production animale" option "élevage du cheval" suivit d'un bac pro "Conduite et gestion d'exploitation agricole".



Que mange un cheval ?


Comme souvent ici, on commence par "la question un peu bête" qui permet de poser de nouveau les bases, ce qui n'est finalement pas aussi idiot que ça puisque c'est souvent ce qu'on perd de vue avec le temps.

  • De l'herbe : réponse la plus évidente puisque le cheval est un herbivore. C'est donc ce qui devrait constituer la base de son alimentation et qui est un peu trop souvent oublié (coucou les pensions qui ne donnent pas de foin en box !). 
  • (Par défaut si pas d'herbe ou en complément) Du fourrage : c'est-à-dire du foin et de la paille. Le foin est de l'herbe séché, très pratique l'hiver quand les champs sont transformés en terrains de boue ou pour les chevaux vivant en box. La paille constitue la litière des box, elle est peu nutritive mais a le mérite de faire fonctionner le système digestif.
  • Des céréales et légumineuses (les "concentrés") : l'avoine, l'orge, le maïs, l'épeautre, le soja... Ils peuvent être concassés, aplatis ou trempés dans l'eau afin de casser ou ramollir l'abdumen qui est la pellicule indigeste qui recouvre la graine. Les concentrés complètent l'alimentation du cheval et lui apportent de l'énergie pour répondre à ses dépenses physiques de cheval sportif. Un cheval qui ne travaille pas ou peu peut donc tout à fait s'en passer. Les deux plus connus et utilisés sont l'orge et l'avoine. L'orge fonctionne comme une bonne assiette de pâtes : elle apporte des sucres lents qui donnent de l'énergie sur le long terme. L'avoine est plutôt semblable à une tablette de chocolat : elle est très riche et apporte de l'énergie sur le moment. Trop riche même pour être donnée quotidiennement, le tube digestif fini par s’abîmer (pensez aux chevaux de courses que l'on gave d'avoine pour être plus performants et qui finissent l'estomac détraqué). Elle peut être utile occasionnellement, comme avant un gros effort. 
  • Les compléments en minéraux et vitamines (CMV) : les concentrés en manquent et il n'y a pas assez de végétaux différents dans nos prés pour les apporter naturellement, c'est pourquoi il faut rajouter des CMV à la ration. On les trouve sous forme de pierres à lécher (les fameuses pierres à sel et autres dérivés de toutes les couleurs), en granulés spécifiques ou bien le cheval, s'il vit dans un grand espace extérieur, pourra les trouver lui-même. 
  • De l'eau : bon d'accord, là on ne parle plus de manger mais de boire, mais c'est aussi important de le redire puisque le cheval boit 15 à 60 L d'eau par jour ! 


1) Les aliments industriels

L'alternative au fait de sélectionner, stocker et préparer soit même les céréales et les CMV est d'acheter des aliments tout prêt : les granulés industriels, qui permettent un gain de temps et d'espace. L'équivalent des croquettes pour chien, tout en un ! S'ils sont servis en complément d'herbe ou de foin à volonté, le menu du cheval est alors équilibré et complet.

Pour choisir correctement ses granulés, il faut prêter attention à leurs UFC et à leur composition (indiqués sur le sac ou sur le site de la marque). Les UFC correspondent en quelque sortes aux calories. Plus le cheval a une activité intense, plus il aura besoin d'une alimentation au taux d'UFC élevé. De même, si les UFC sont faibles, les rations devront être plus conséquentes. Jeter un œil sur la composition permet également de vérifier que l'alimentation est réellement complète (qu'il y a bien des protéines, du calcium ect) et couvre tous les besoins du cheval, et aussi qu'elle ne contient pas de cochonneries.

Apprendre à lire les étiquettes des granulés pour vérifier l'alimentation de son cheval.
Composition des granulés "Destrier Club" - Crédit: Destrier.com


2) Le mash

Le fameux mash que les propriétaires se flattent toujours d'apporter à leur chevaux en fin de semaine... Et ils ont raison! Le mash est un mélange de céréales très riche en son (le son est l'enveloppe des graines, l'abdumen dont on a parlé plus tôt) que l'on fait cuire avec de l'eau afin de le ramollir pour le rendre plus digeste, et que l'on donne en général tiède à son cheval la veille au soir de son jour de repos.

Outre le fait que le mash puisse constituer une gourmandise suivant ce que l'on y ajoute (un peu de betterave, de pomme, de carotte), il sert avant tout à mettre le système digestif du cheval au repos. Un peu comme si nous buvions une soupe (le mash ressemble d'ailleurs à une bouillie) en fin de semaine pour alléger notre estomac, ce qui est d'autant plus primordial pour le cheval qui n'a normalement pas un estomac conçu pour manger autant de céréales. Le mash a une très faible valeur nutritive mais permet de réhydrater le cheval puisqu'il est servi trempé. Il est donc utile pour tous les chevaux et en particulier pour ceux qui ont des rations très importantes en semaine, ceux qui sont âgés et ceux qui manquent d'appétit. Et de façon logique, il est parfaitement adapté aux chevaux à l'intestin irrité.



Quand et comment nourrir ?


Pour comprendre la façon de nourrir un équidé, il faut d'abord faire un petit point d'anatomie. Il faut savoir que le cheval possède un tout petit estomac comparé à sa taille (entre 15 et 18 L), qui en plus ne se remplit qu'aux deux-tiers ! C'est pourquoi ses repas doivent être fractionnés en petites quantités pour couvrir ses besoins sans charger inutilement l'estomac. Sinon, la fin de la ration pousserait le début en dehors (vous voyez ce que je veux dire) et le cheval n'en profiterai donc pas, en plus de fatiguer inutilement son système digestif. On préconise des rations de concentrés ne dépassant pas les 7/8 L par repas, couramment distribuées en 3 fois : matin, midi et soir. 

Le foin, lui, est digéré dans le caecum (qui correspond à l'appendice chez nous) qui se trouve après l'estomac. Il est donc plus judicieux de le distribuer à 2 heures d'intervalle du repas de concentrés, et si ce n'est pas possible, de le donner avant. Si l'inverse est fait, le foin va pousser trop rapidement le concentré dans l'intestin, produisant le même effet qu'une ration trop importante : ration non assimilée.

Schéma du système digestif du cheval.
Système digestif du cheval - Crédit: Ikonet.com


L'autre intérêt de fractionner les repas est d'occuper le cheval et son estomac en permanence. Ne possédant pas de vésicule biliaire comme nous, la bile est libéré au fur et à mesure qu'elle est créée et rend l'estomac acide s'il n'a pas quelque chose à digérer. La paille au box est très utile pour cela : très peu nutritive, elle demande donc peu d'effort pour être digérée mais occupe l'estomac. Attention toutefois aux bouchons en cas de consommation trop importante !

À ce propos, il est bon de savoir que les floconnés à la place des concentrés sont très bons en cas d'ulcère. En effet, ils sont très fibreux et demandent plus de mastication et de salivation. Les ulcères étant le résultat d'une trop grande acidité de l'estomac, le ph neutre de la salive permet de la contrebalancer.



Comment calculer les besoins nutritionnels de son cheval ?


Il existe des tables et des méthodes très précises pour calculer les besoins alimentaires de son cheval et les apports de chaque aliment. N'étant pas assez experte pour les expliquer et les garantir, je ne parlerais ici que des méthodes générales et de bons sens, mais des exemples de ces tables de calcul sont en lien à la fin de l'article.

La base est de savoir que l'on calcule les besoins nutritionnels du cheval selon l'âge, l'état (malade, besoin de prendre de l'état ou d'en perdre, jument pleine...), le poids et l'activité physique. Un cheval au travail et vivant en extérieur l'hiver a besoin de plus d'énergie et donc d'être complémenté avec des céréales. Un cheval au repos peut se contenter d'herbe (si elle est assez grasse et les champs en bon état) et d'une pierre à sel pour les minéraux.

Car il ne faut pas oublier que le cheval a besoin d'une alimentation équilibrée en toute circonstance, même au pré ! Comme un humain, il a besoin de glucides (céréales), lipides (comme le maïs), cellulose (son), minéraux et vitamines. Des tableaux permettent de savoir quel aliment contient quoi et donc de vérifier si tous les besoins sont couverts, que l'on nourrisse soit même ou avec des granulés (là, si vous avez retenu la leçon, vous savez qu'il faut regarder la composition).

Le meilleur moyen de voir ensuite si un cheval est bien nourri est l’œil du propriétaire: le cheval est-il trop gros ou pas assez ? A-t-il de trop d'énergie ou pas assez ? Des problèmes de santé qui apparaissent ? Attention néanmoins, il vaut mieux dans un premier temps ne pas donner assez plutôt que donner trop. Une alimentation trop riche provoque entre autres : irritation de l'intestin, gonflement de l'estomac jusqu'à l'éclatement, fourbure, surpoids...



Le dernier mot Jean-Pierre...


Il ne faut pas oublier avant tout que de base, le cheval est un herbivore strict. Il doit donc pouvoir consommer autant d'herbe ou de foin qu'il le souhaite, avant même de manger des granulés ! Puis, comme pour l'être humain, ses repas de granulés doivent être équilibrés, couvrir strictement ses besoins nutritionnels, et fractionnés au minimum en 3 repas par jours. On n'oublie pas le mash qui n'est pas seulement un "luxe" mais un besoin réel. La gestion de l'alimentation est désormais facilitée par les aliments industriels, mais en cas de doute, il ne faut pas hésiter à s'adresser à un professionnel (comme votre vétérinaire) qui vous indiquera la meilleure façon de nourrir VOTRE cheval.

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